Christine Guimonnet
Article paru dans la revue Historiens et géographes en 1997.
Cet article fait suite à la lecture de l’ouvrage « Le voile contre l’Ecole », et à plusieurs entretiens avec son auteur, Elizabeth Altschull, professeur d’Histoire-Géographie dans la région parisienne. Invitée sur France Culture par Alain Finkielkraut pour débattre, avec David Kessler, conseiller d’Etat, du problème du port du voile en classe, Elizabeth Altschull est bien placée pour en discuter : en 1992, une élève de cinquième arrive voilée en classe, provoquant un conflit et une guerre d’usure au sein du collège.
Voilà déjà une dizaine d’années que l’Ecole de la République est confrontée au problème du voile arboré en classe par des collégiennes et des lycéennes de confession musulmane, qu’elles soient françaises issues de l’immigration ou étrangères vivant en France.
Suite à l’affaire de Creil en 1989, le port du voile a entraîné une polémique qui dure encore, car il remet en cause la laïcité. Dès le début, les gens ont été surpris, ont eu peur, car la laïcité n’avait pas été contestée depuis longtemps. La peur des enseignants est grande : leurs valeurs sont agressées, l’école laïque est agressée. Certains enseignants ont tergiversé, hésité, par esprit libéral, par volonté de compréhension, par culpabilité aussi (héritage du passé colonial et des idées tiers-mondistes), par méconnaissance des enjeux réels. L’incompréhension est grande lorsque les élèves semblent refuser l’intégration, processus dans lequel les enseignants et les équipes éducatives sont partie prenante.
Quelles que soient les réactions, force est de constater qu’il y a atteinte à la laïcité et à certaines valeurs véhiculées par la République, notamment celle de l’égalité. Certains ne l’ont pas compris ou n’ont pas voulu le comprendre.
Comme le dit Paul Bouchet, ancien président de la Commission consultative des droits de l’Homme et membre du collège des médiateurs (et donc peu suspecté d’hostilité envers les immigrés ou leurs enfants), « le droit à la différence est second par rapport au principe d’égalité »(1).
Pour Christian Jelen (2), qui vient de publier « La France éclatée », « le mouvement communautariste doit être pris d’autant plus au sérieux qu’il trouve de puissants soutiens dans la société française. Ainsi, le foulard islamique, symbole du refus du savoir, symbole d’infériorisation de la femme, symbole politique islamiste, symbole d’enfermement tribal, a reçu l’appui d’ecclésiastiques, de rabbins, de pasteurs, de plusieurs tendances de l’UDF, d’une fraction minoritaire du PS, de grands médias qui décident de ce qui est ou de ce qui n’est pas « politiquement correct », d’intellectuels enfin se prévalant de leurs titres pour imposer l’argument d’autorité et ramener le foulard à une petite histoire de « look ».
Certains exemples sont révélateurs :
« Ceux qui refusent aux enfants musulmans le droit de porter le tchador et aux enfants juifs la kippa à l’école sont intolérants » déclare le grand rabbin de Paris le 24/10/89. On notera au passage l’emploi du mot tchador qui est un terme persan désignant un voile bien particulier et celui des enfants, et non des filles. Or, la kippa chez les enfants juifs ne concerne que les garçons et on n’a jamais vu un garçon musulman contraint de se voiler la face !
« Le port du voile n’a peut-être qu’une signification oppositionnelle un peu comme la coiffure rasta (…). Ne faisons pas la guerre aux adolescentes « beurs ». Halte au feu. Ne confondons pas le problème de l’Islam et celui de l’adolescence. » En l’occurrence, c’est le cardinal Lustiger qui confond tout, avec cette déclaration du 19/10/89.
« Si aujourd’hui, deux cents ans après la Révolution, la laïcité ne pouvait accueillir toutes les religions, toutes les expressions en France, c’est qu’il y a un recul. Si le voile est l’expression d’une tradition, nous devons accepter les traditions quelles qu’elles soient. » Danielle Mitterrand, octobre 1989.
Les syndicats enseignants et les associations d’aide à l’intégration des populations issues de l’immigration sont divisés sur la question. En 1989, SOS Racisme montrait une grande tolérance, dans la ligne de la défense du droit à la différence. Harlem Désir déclarait alors : « Eriger la laïcité en barrière, c’est repousser ces enfants dans les bras de l’intégrisme parental et, demain, dans des écoles coraniques florissantes, qui seront représentées comme seules respectueuses de la dignité des musulmans »(3)
Les réactions précédemment citées montrent bien l’incompréhension totale du problème. Si refuser d’accepter les traditions qui prétendent faire de la femme une éternelle mineure, soumise à l’homme, enfermée, privée de son libre arbitre, de l’usage et du contrôle de son propre corps est un recul, eh bien acceptons donc d’institutionnaliser l’excision, l’infibulation, la répudiation, la polygamie, le mariage endogamique arrangé !! Puisque ce sont des traditions, les accepter ne pourra constituer qu’un progrès !
On n’est plus ici très loin des excès du « politiquement correct » rapportés par Edward Behr (4) : « Toute une polémique s’est élevée récemment aux Etats-Unis autour de la question de savoir s’il fallait ou non condamner l’excision du clitoris. Certaines idéologues (féministes) partisanes du multiculturalisme n’ont pas hésité à justifier cette coutume ou tout au moins à l’admettre comme culturellement valable sous prétexte que « nous autres blanches américano-européennes n’avons pas à nous mêler de coutumes dont nous sommes incapables de comprendre la portée culturelle symbolique. »
Soit. Tous les tenants du politiquement correct tiennent des discours qui n’engagent qu’eux, surtout les femmes, ces dernières ne risquant pas d’être voilées, enfermées, mariées de force, excisées, écartées de la vie civique et sociale. On aimerait plutôt les entendre défendre celles qui luttent contre cet enfermement, les Afghanes, par exemple… Mais porter le burqah est une tradition…
L’affaire du foulard montre que tous ceux qui s’expriment n’ont pas du tout la même conception de la laïcité pas plus que celle des droits de la femme.
Une atteinte à la laïcité :
La laïcité d’abord : Quelle définition ? « Caractère de ce qui est laïque, indépendant des conceptions religieuses ou partisanes. » : « Système qui exclut les Eglises de l’exercice du pouvoir politique ou administratif et en particulier de l’organisation de l’enseignement. » (Larousse 1996).
Certains plaident pour que les croyances, qui relèvent de la sphère privée, ne s’expriment pas à l’école, où la neutralité religieuse doit être absolue, tant chez les enseignants que chez les élèves. Pour d’autres, la laïcité demeure compatible avec la liberté de conscience et celle de manifester sa foi, en partant du principe que l’école est un lieu d’intégration ouvert, pourvu que les croyances ne s’y affichent pas avec provocation et prosélytisme.
Certains prétendent que les Anglo-saxons sont plus tolérants que nous. Certes, en Angleterre, les islamistes peuvent manifester, distribuer des tracts, vilipender les autres musulmans et vouer l’Occident aux gémonies. Mais les Britanniques ont une vision différentialiste de la société. Ils acceptent les étrangers à condition que ceux-ci restent entre eux. La société française est intégratrice et au fur et à mesure des générations, les descendants des immigrés se fondent dans la population française. Les gens se mélangent. Prôner sans limites le droit à la différence, approuver le communautarisme, c’est reculer le processus d’intégration Les symboles religieux sont au coeur du problème.
Entendons-nous bien. Il ne s’agit nullement d’empêcher les croyances. Chaque élève a sa liberté de conscience. L’institution scolaire accueille des élèves de confessions différentes, ou sans confession, les instruit au moyen de programmes communs à tous et demande simplement que des éléments de pratique religieuse n’entrent pas à l’école. Comme le disait Elizabeth Altschull en 1994, « Le scénario est toujours le même. Une ou deux filles, en accord avec des parents militants, tentent délibérément d’ouvrir la brèche. Puis, on joue sur le conformisme des autres musulmanes et la naïveté des plus jeunes : pour être une fille bien, tu dois toi aussi porter le voile. Et ça marche ! Enfin, des adolescentes plus âgées s’engouffrent également dans la brèche, sur un mode identitaire, voire un peu mystique. »(5)
Car il faut être aveugle ou naïf pour ne pas comprendre la gravité du prosélytisme par l’exemple ou s’imaginer que les élèves voilées et ceux qui les soutiennent en resteront là. Certaines élèves voilées sont des prosélytes professionnelles et sont soutenues par des réseaux bien informés et bien décidés à faire plier l’école publique républicaine. Le Conseil d’Etat explique que le prosélytisme dépend du contexte… Il refuse surtout de faire la distinction entre l’espace scolaire et l’espace public. Une collègue écrivait dans une revue syndicale en novembre 1994 : « D’autant qu’avec le voile, et ça commence tout de même à se savoir, ces filles vont refuser d’emblée la gymnastique (là, ça peut se passer avec plus de souplesse : les certificats médicaux de complaisance y pourvoiront), la biologie et sa théorie de l’évolution, sans parler de la philosophie et du français avec son cortège d’auteurs des Lumières… Quand vous avez tronqué tout cela de l’instruction, avez-vous formé une future citoyenne ? (6)
Car le foulard n’est pas résumable à une histoire de look. Ce n’est ni un chapeau, ni une casquette ou n’importe quel banal couvre-chef. Ce n’est pas non plus un signe religieux discret (croix, étoile de David, médaille islamique avec un verset du Coran, menorah, saint Christophe…) qui est la manifestation d’une foi et qui ne gêne personne. Pas plus que ne gênent les interventions des élèves musulmans durant le cours de cinquième sur la civilisation arabo-musulmane : c’est un cours d’histoire des religions qui les intéresse, où ils participent activement, expliquant aux autres élèves des points précis. C’est au contraire fort utile pour faire reculer les préjugés relatifs aux interdits alimentaires en expliquant leur sens : ainsi, les élèves ne jugent plus sans comprendre. On fait des parallèles avec les interdits du christianisme et du judaïsme en montrant que certains ont évolué ou sont tombés en désuétude. Les enseignants et les élèves savent faire la différence entre le « catéchisme » militant et l’explication de l’histoire d’une religion et de son évolution.
Le savoir scolaire est un dénominateur commun à tous quelle que soit la foi. Cela ne peut être contestable. On ne peut pas déroger à ce qui est de la connaissance commune. Or il y a déjà des signes d’une contestation du contenu des cours dans certains établissements : sont visés les cours de philosophie, de biologie, d’histoire, de lettres (un collègue enseignant dans la région parisienne s’est entendu répondre que les grandes découvertes n’avaient jamais eu lieu et qu’il y avait déjà des musulmans en Amérique ; tel élève musulman refuse de travailler en classe durant le chapitre d’histoire consacré au christianisme à l’époque médiévale ; dans un lycée d’enseignement professionnel de la banlieue parisienne, certains élèves ne répondent qu’en arabe).
Une atteinte aux droits des femmes, à l’égalité des sexes et à l’intégration :
Outre à la laïcité, les partisans du foulard s’attaquent aux droits des femmes et refusent l’égalité des sexes. Car « le voile que portent ces jeunes filles, descendant bas sur le front recouvrant largement les épaules et la poitrine (…) vient tout droit de la révolution iranienne. »(7) Car toutes portent le même type de voile. Leurs mères ne le portaient pas.
Obliger ces filles à se voiler est un acte de violence, tout comme les pressions directes ou indirectes sur les autres musulmanes qui ne le portent pas ou ne souhaitent pas le porter et qu’on veut convaincre de s’aligner sur les autres. L’école de la République qui propage l’idée d’égalité des sexes ne peut accepter ce que symbolise le foulard. Filles et garçons ont droit à la même instruction, dispensée par les mêmes enseignants, dans les mêmes lieux. Au nom de quelle pudeur les filles doivent-elles être écartées des cours d’éducation physique, de biologie, de musique, d’arts plastiques, de philosophie ?
A quand le refus que les filles soient dans des classes mixtes, avec des hommes pour enseignants ? A quand la contestation par les garçons musulmans des cours dispensés par une femme ? Interdira-t-on à ces dernières d’évoquer le Coran en cours ou de prononcer le nom de Dieu dans une leçon sur l’histoire des religions… sous prétexte qu’il y a des élèves musulmans dans la classe ?
Le voile n’est que la partie émergée de toute une série de contestations de ce que représentent les valeurs de la République. Après de longs combats contre l’obscurantisme, les ministres de la IIIe République ont pu faire accéder les filles à l’instruction au même titre que les garçons. Les filles musulmanes n’ont pas à être exclues de certains enseignements sous le prétexte que l’interprétation des textes prévoit de laisser les femmes dans une condition de soumission.
L’école républicaine n’a pas à être complice de ce processus : « Renvoyer chez elles ces jeunes filles, c’est refuser de les aider. Oui, osons accepter de perdre un certain nombre de jeunes filles, mais réalisons que nous en protégeons des centaines d’autres. Si nous laissons se répandre ce courant, des familles « tièdes », des pères indécis se laisseront convaincre par des attitudes plus fermes que les nôtres. Ce qui est exception ce matin deviendra la norme ce soir, contraignant des centaines de jeunes Maghrébines ou de Françaises d’origine maghrébine à porter le foulard »(8)
« Beaucoup d’entre nous ont peur de ne pas respecter les jeunes filles qui le portent. Mais je remarque que l’on interroge rarement, que l’on fait rarement allusion aux filles et aux femmes qui ne le portent pas, musulmanes modérées ou agnostiques. Les quelques unes que nous avons pu entendre, que nous disent-elles (…) : Aidez-nous, sinon nos pères et nos frères nous pousseront à porter le foulard islamique…avec votre assentiment. »(9) Voilà ce qu’écrivaient des collègues en novembre 1994. Je ne pense pas qu’elles aient changé d’avis depuis.
Cette fermeté n’exclut pas le dialogue, afin de convaincre, même si des exemples ont montré qu’il était parfois impossible de converser sereinement avec des parents intégristes. Certains médias propagent l’idée selon laquelle les enseignants refusent de discuter avec ces élèves. Rien n’est plus faux. Combien d’heures de discussions, souvent en pure perte, prises sur le temps de l’enseignement ? Car les affaires de voile perturbent profondément les classes et les filles montrent leur soulagement lorsque l’élève voilée a été exclue. Elles avouent aussi qu’elles subissaient des pressions : « Tu es une mauvaise musulmane parce que tu ne portes pas le voile » par exemple. Les adversaires de la laïcité prétendent aussi que les enseignants laïques sont en guerre contre l’Islam et acceptent les symboles chrétiens et juifs. C’est également faux. Les enseignants attachés au respect de la laïcité sont opposés au port de tous les signes religieux dans l’espace scolaire où ne doivent pas pénétrer les revendications des diverses communautés religieuses.
Car l’enjeu du port du voile est clair, sauf pour ceux qui s’obstinent à ne pas le voir ! Il s’agit de la négation de la liberté de la femme, du refus de son intégration. S’opposer à la promotion de la femme dans la société, la freiner, c’est refuser l’assimilation. Or les filles s’intègrent grâce à l’école, grâce à l’instruction et échappent ainsi à un modèle patriarcal archaïque, à un modèle d’endogamie. Comme le dit Emmanuel Todd, « le voile islamique traduit l’exaspération de la différence des systèmes de parenté. C’est le contraire de l’enlèvement des Sabines. Il s’oppose à l’idée d’aller dans le village voisin pour accaparer les jeunes filles. Il symbolise au contraire l’enfermement de la femme, le refus de l’échange matrimonial. »
On a bien vu cet enjeu lors de manifestations d’islamistes réclamant le port du foulard : les garçons défilent portant des banderoles avec l’inscription « Le foulard est notre honneur ». Ils prétendent que notre refus du port du voile serait une atteinte à leur dignité. Ce qui est en jeu, c’est la préservation de la virginité des filles de leurs familles, selon un modèle de mariage endogamique. Mais il ne s’agit pas d’un véritable réflexe identitaire : 17 à 24% des filles épousent un non-musulman. Mais 50% des hommes épousent des non-musulmanes. La volonté de ne pas se mélanger avec les autres ne touche qu’une partie de la population. Les garçons islamistes militants brandissent leur humiliation. Mais laquelle, à part celle de voir que leurs soeurs, cousines et coreligionnaires veulent prendre pour époux un Français non-musulman ? C’est-à-dire qu’elles veulent choisir d’autres hommes qu’eux. Et cela, le garçon musulman, élevé selon certaines traditions (tout lui est dû, il ne doit jamais être contrarié alors que la fille doit apprendre à être soumise et obéissante, les crises de colère du petit garçon sont jugées par la mère comme étant un signe de virilité et doivent être encouragées…) ne peut le supporter. Comme il ne supporte pas d’être rejeté, il fera en sorte que les filles de son cercle ne puissent s’en échapper. Car il est bien connu que les femmes immigrées s’adaptent plus vite et bien mieux que les hommes. Dans le milieu scolaire, des garçons musulmans peuvent montrer une certaine jalousie face à la réussite scolaire de leurs soeurs.
A ce propos, on lira avec profit l’ouvrage de Camille Lacoste-Dujardin, « Des mères contre les femmes », qui montre très bien que l’oppression des filles est transmise par les mères (10). On sent cette crispation sur la sexualité dans le discours très puritain des filles voilées (11). Ces filles tentent de culpabiliser leurs coreligionnaires qui ne portent pas le voile et partent du principe qu’elles sont de meilleures musulmanes que les autres et que le port du voile leur permet d’être respectées. En se soumettant ainsi, elles pensent avoir davantage d’indépendance et choisir leur propre conjoint. Mais ce n’est qu’un leurre et les unions seront indirectement arrangées parce que conclues dans un marché matrimonial réduit. Elles seront piégées et enfermées dans leur milieu. Qui épousera une fille voilée ? Certainement pas un garçon musulman modéré ! En fait, elles épouseront des intégristes qui les auront choisies parce qu’elles apportent des garanties de non-intégration dans la société. Gardiennes d’une tradition archaïque, elles perpétueront un système d’oppression des femmes dont elles ont elles-mêmes été victimes. Elles seront prisonnières en ayant cru se libérer. Les frères, cousins, maris connaîtront leurs expériences sexuelles avec des non-musulmanes et trouveront à la maison une épouse soumise dont la seule préoccupation sera de mettre au monde des enfants, de préférence masculins, et de les éduquer comme leurs pères l’ont été.
On peut également se reporter aux trois derniers chapitres de l’ouvrage « Femmes d’Islam » de Yamina Benguigui. Une conversation entre plusieurs jeunes Turques, certaines voilées et d’autres refusant de l’être, montre bien la volonté de culpabiliser (au besoin de manière comminatoire) celles qui ne portent pas de voile : « Nous sommes plus musulmanes que vous ne l’êtes (…) alors que nous sommes peut-être plus croyantes que vous.(…) Une femme qui prétend être une bonne musulmane porte le voile. Il n’y a pas à discuter là-dessus, c’est tout. » On sent aussi cette volonté d’être considérée et respectée grâce au port du voile. Dans le dernier chapitre, Yamina Benguigui interroge Faouzia, une musulmane, professeur d’arabe et expert juridique. Cette dernière précise que le volet rituel de l’Islam est individuel, personnel, le croyant n’ayant de comptes à rendre qu’à Dieu et que fustiger la pratique des coreligionnaires équivaut à vouloir se substituer à Dieu. C’est précisément ce que font les intégristes. Elle ajoute que la charia a quatorze siècles et que les femmes ne doivent plus subir aujourd’hui des préceptes qui s’appliquaient autrefois à une société tribale : les femmes musulmanes doivent cesser de retourner contre elles et leurs filles l’arme de la domination et de la suprématie masculines. Et elle termine en ajoutant : « Tout mon être s’indigne à l’idée qu’un Islam fossilisé, manipulé par des primates leur donne le droit d’asservir, de voiler, de bâillonner; de lapider, de tuer et que surtout des femmes soient elles-mêmes dupées par des interprétations d’ignorants qui ne sont souvent même pas capables de lire le texte sacré auquel ils se réfèrent. »
L’affaire du port du foulard a été largement commentée. Des élèves et des enseignants interrogés par Elizabeth Altschull avaient accepté de confier leurs réactions :
Chez les élèves non-musulmans, le voile rencontre très peu de sympathie. Les tolérants (ceux pour qui l’égalité des sexes est une affaire entendue ne voient dans le voile qu’une particularité vestimentaire) ne sont pas scolarisés dans les collèges et lycées touchés par le phénomène. On sent tant chez les élèves que chez les enseignants, une ras-le-bol, une lassitude devant l’insistance, voire l’agressivité des filles voilées et de ceux qui les accompagnent. Car il existe chez les garçons un militantisme actif : pour trois filles voilées, on peut compter une vingtaine de garçons islamistes qui militent à l’école, distribuent des tracts stigmatisant une société française décadente et en perdition, et commencent à contester le contenu des cours. Le principal d’un collège de la banlieue lyonnaise rapportait que des élèves musulmans lui avaient demandé d’aménager un local pour pouvoir faire la prière cinq fois par jour. Il avait refusé, arguant qu’une lecture attentive du Coran lui avait permis de découvrir que « deux prières chez soi, l’une le matin, l’autre le soir suffisent à faire un bon musulman ».(12) L’école est tolérante dans le domaine alimentaire en proposant souvent à la cantine un autre plat les jours où il y a du porc au menu, pour que les élèves pratiquants tant juifs que musulmans puissent respecter les interdits. Cette tolérance ne semble pas poser pas de problème. Les autres revendications sont d’un tout autre ordre et perturbent le fonctionnement de la communauté scolaire.
Les musulmans craignent d’être associés à la frange intégriste de l’Islam. Des élèves disent fréquemment en classe de cinquième, où le dialogue est facile car on y étudie l’Islam, au sein du chapitre d’Histoire médiévale consacré la civilisation arabo-musulmane : « Mais, Madame, l’Islam, ce n’est pas ça ! Chez nous, on ne fait pas ça (sous-entendu, voiler les filles) » La propagation de l’intégrisme les angoisse car ils sentent que l’intégration ne va pas toujours de soi. Ils ont peur d’être rejetés. Ce sentiment est parfaitement compréhensible parce que les jeunes issus de l’immigration se sentent méprisés. Ils retrouvent dans la pratique de leur religion, une fierté qu’ils ne ressentent pas quand on leur dit qu’ils sont français. Comment certains se sentiraient-ils Français et citoyens quand on leur fait sentir dans la vie quotidienne qu’ils sont perçus avant tout comme des étrangers, voire des perturbateurs ?
Les filles surtout, sont perturbées, car elles sentent leur présence à l’école fragile. Elles tiennent à poursuivre les études afin d’être indépendantes et de sortir d’un cercle de soumission. Mais elles ne veulent pas non plus se couper de leur famille et il leur est parfois très difficile de faire comprendre à leur père que leur intégration dans la société n’est pas synonyme de débauche ! Or, les islamistes présentent la société occidentale comme étant un lieu de perdition.
Certains musulmans intégristes réclament des écoles privées coraniques, mais préfèrent en fait être influents au sein de l’école publique. Qui ira enseigner dans une école contrôlée par des intégristes ? On courrait le risque de laisser se mettre en place des écoles réservées aux filles, d’un niveau culturel médiocre, avec une sélection des disciplines enseignées. La fille, qui doit être avant tout une future épouse et une future mère n’a pas besoin de tout le bagage de l’école publique !!
Mais les intégristes continueront à envoyer les garçons à l’école publique ! Nous ne sommes plus au XIXe siècle ! A cette époque, les catholiques pensaient qu’une instruction minimale suffisait largement pour les filles. La société a évolué, le catholicisme s’est adapté. Les filles musulmanes vivant en France aujourd’hui doivent pouvoir profiter de l’instruction, trouver leur place sur le marché du travail et réaliser leur projet personnel de vie sans être entravées par des liens d’un autre âge.
Il est important de souligner que cet intégrisme, minoritaire mais très actif, nuit profondément à l’intégration du reste de la population musulmane qui vit et pratique sa religion de manière modérée. Les intégristes, qui se donnent pour seuls véritables interprètes de la parole de Dieu, fustigent leurs coreligionnaires, rejettent les lois et valeurs du pays dans lequel ils ont choisi de vivre. On est là au coeur du fanatisme. Une minorité agissante n’a pas à imposer sa vision du monde à la majorité. De plus, comme le dit Christian Jelen, « le communautarisme a pour effet d’opposer les minorités les unes aux autres, d’exagérer les différences, d’intensifier les antagonismes et les haines. Face à ce retour de l’obscurantisme, il n’est pas inutile de rappeler que toutes les avancées en matière de droits de l’homme se sont faites et continuent à se faire autour des valeurs universelles dont la République est porteuse. »
Personne ne niera que l’intégrisme s’implante et prospère sur un terreau miné par le chômage, la drogue, l’exclusion, déserté par l’Etat qui ne joue plus son rôle : les associations intégristes interviennent dans le domaine social, sportif, scolaire (aide aux devoirs) et remplacent peu à peu les associations d’aide à l’intégration. L’intégrisme profite des déceptions (promesses non tenues de la gauche) et de l’écoeurement (obsessions sécuritaires d’une partie de la droite et de l’extrême-droite) pour proposer une revalorisation de soi sur le modèle identitaire. On entend désormais des jeunes dire qu’ils ne sont ni « français », ni « arabes », mais « musulmans » avant tout, « car les islamistes ont réussi à leur fournir une identité qui transcende leur appartenance sociale »(13), en leur proposant aussi de laver l’humiliation infligée à leurs parents.
Certains jeunes musulmans, filles et garçons se réfugient dans un islam de contestation qui devient une idéologie du refus : ils se coupent de leur famille, dévalorisée par la crise économique, et rejettent la société française. Ils prônent un islam rigoriste, n’ont souvent pas lu le Coran, sont travaillés par des imams intégristes dans des quartiers sensibles : le voile est ici la loi de la rue, la loi du quartier, et non celle du père. Il est porté sous la pression.
Il faut oser défendre ce que la culture française a de valable, ne pas douter de nos propres valeurs laïques. Il faut aussi accepter l’idée que ce que nous faisons peut être mieux en matière d’égalité des sexes, de laïcité et le faire comprendre à nos élèves : « Nos armes, c’est-à-dire l’apport de connaissances et la confrontation des idées doivent nous permettre de persuader les jeunes partisans du foulard qu’ils peuvent chercher l’expression légitime de leur identité culturelle autrement qu’en remettant en question les principes de liberté et d’égalité des sexes. »(14) Une autre collègue affirmait regretter que « l’école ne produise ni ne défende plus de valeurs. Aujourd’hui, c’est le règne de la relativité, de la confrontation avec les autres cultures. Nous n’avons plus que des théories d’incertitude. » Il faut conserver la confiance en l’école républicaine. Elle se trouve certes confrontée au défi d’intégrer les fidèles d’une religion fondamentalement antinomique avec le principe de la laïcité. Pourquoi serait-il impossible de bien intégrer des élèves musulmans qui ont une très forte attente vis-à-vis de l’école ? C’est en étant armé de confiance et de détermination qu’on peut y arriver. Il faut croire en une Ecole universaliste et intégratrice et accepter l’idée que lutter contre l’intégrisme c’est protéger ceux qui veulent s’intégrer.
Quel droit opposer au port du foulard ?
S’il n’y a pas en France de loi interdisant le port d’insignes religieux en classe (seuls les signes politiques étaient visés dans deux circulaires de 1936 et 1937, qui s’attachaient aussi à lutter contre le prosélytisme religieux), les conceptions laïques sont néanmoins entrées dans les moeurs. De plus, la laïcité est, en France, un principe constitutionnel. C’est un principe positif interdisant tout marquage de la puissance publique face à un groupe religieux quel qu’il soit.
Au moment de l’affaire de Creil en 1989, le ministre Lionel Jospin avait consulté le Conseil d’Etat et c’est l’arrêt rendu par ses membres qui sert de base juridique Cet arrêt du 27 novembre 1989 disait : « (…) le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n’est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité, dans la mesure où il constitue l’exercice de la liberté d’expression et de manifestation de croyances religieuses, mais cette liberté ne saurait permettre aux élèves d’arborer des signes d’appartenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient portés individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, porteraient atteinte à la dignité ou à la liberté de l’élève ou d’autres membres de la communauté éducative, compromettraient le déroulement des activités d’enseignement et le rôle éducatif des enseignants, enfin troubleraient l’ordre dans l’établissement ou le fonctionnement normal du service public. »
Suite à la consultation du Conseil d’Etat, une circulaire de Lionel Jospin datée du 12 décembre 1989 énumérait un nombre important de cas de prohibition dont les principes sont contenus dans la loi française, les uns techniques, les autres philosophiques : d’une part, « Ostentation , revendication, acte de pression, provocation, prosélytisme, propagande, compromission de la santé et de la sécurité, trouble des activités d’enseignement », d’autre part, « Atteinte à la dignité et à la liberté de l’élève ou d’autres membres de la communauté éducative, non-respect de l’égalité des sexes, des valeurs et lois de notre société démocratique. ». De plus, le port du foulard peut être prohibé « au regard de circonstances locales » comme la coexistence de communautés ethno-religieuses différentes, pouvant donner lieu à une surenchère de revendications particularistes.
Depuis la parution de la circulaire Bayrou (B.O. du 20 septembre 1994), les règlements intérieurs des établissements scolaires comportent cet article : « Le port par les élèves de signes discrets, manifestant leur attachement personnel à des convictions notamment religieuses, est admis dans l’établissement. Mais les signes ostentatoires, qui constituent en eux-mêmes des éléments de prosélytisme ou de discrimination, sont interdits. Sont aussi interdites les attitudes provocatrices, les manquements aux obligations d’assiduité et de sécurité, et les comportements susceptibles de constituer des pressions sur d’autres élèves, de perturber le déroulement des activités d’enseignement ou de troubler l’ordre dans les établissements. »
Ce type de règlement a été reconnu comme inattaquable par le Conseil d’Etat.
Mais ces textes n’ont pas tout résolu. Le Conseil d’Etat confirme, comme en témoignent de récents arrêts, la volonté d’adapter sa jurisprudence au contexte de chaque cas. Il a annulé les exclusions qui avaient été prononcées à cause du seul port du foulard, rappelant que « le foulard ne saurait être regardé comme un signe (…) dont le port constituerait dans tout les cas un acte de pression ou de prosélytisme ». Le mercredi 27 novembre 1996, il a par contre confirmé l’exclusion d’autres élèves car le port du foulard s’accompagnait de troubles et de désordres dans l’établissement et d’absentéisme (Lycée Faidherbe de Lille, où 17 élèves ont été et demeurent exclues, lycée Jean Rostand de Villepinte, collège Robert Schumann de Halluin, collège Edouard Branly de Tourcoing).
Mais les exclusion de certaines élèves ont été annulées alors que le port du foulard s’était accompagné de diverses manifestations que les enseignants n’avaient pas voulu dénoncer. Dans un lycée alsacien, une dizaine d’élèves portent le foulard et l’une d’elles avoue admettre que tant au collège qu’au lycée, elle a toujours réussi à éviter de se mettre en maillot de bain et de suivre les cours de natation. On voit bien qu’il s’agit de certificats médicaux de complaisance destinés à justifier l’absentéisme… Il y a aujourd’hui deux à trois cents élèves voilées dans les collèges et lycées alsaciens et un chef d’établissement évoque le cas d’une élève exclue parce qu’elle refusait de suivre les cours d’éducation physique : le Conseil d’Etat a donné raison à l’élève. Aucun compromis n’avait été possible avec son père qui réclamait le tribunal (15).
Nombre d’enseignants sont aujourd’hui contraints, à cause de leurs convictions laïques d’élaborer de véritables procédures d’accusation à l’encontre de ces élèves. Au lycée Racine, à Paris, des professeurs refusent de faire cours devant une élève voilée et leurs convictions sont présentées comme provenant « d’un extrémisme idéologique visant à installer la discrimination et l’exclusion dans les classes »(16) . Eux ont affaire à une prosélyte professionnelle. Il est d’ailleurs fort regrettable de pratiquer un amalgame dangereux en mettant sur le même plan des provocations d’élus et d’enseignants du Front National (suppression des plats permettant aux juifs et aux musulmans de manger autre chose lorsque du porc est servi à la cantine) et la fermeté laïque d’autres professeurs, car le rapprochement nuit à l’ensemble du corps enseignant, toujours en première ligne parce qu’on demande à l’école de régler les problèmes de la société.
Il est insultant, indigne et diffamatoire de faire passer les convictions laïques pour des idées extrémistes, racistes. Beaucoup de professeurs sont en désaccord avec leurs syndicats à propos du foulard. Même si la circulaire a permis de diminuer le nombre des foulards, des élèves sont toujours voilées.
Le ministre lui-même semble avoir conscience du problème : « Tout le monde se tait : les professeurs, traités avec arrogance par des adolescents enivrés de retrouver une identité agressive et d’imposer leur loi dans le milieu scolaire, et qui ont peur d’être l’objet d’insultes ou d’agressions ; les chefs d’établissement, nécessairement en première ligne ; les recteurs, soucieux de la paix scolaire dans leur académie ; l’ensemble de l’Administration, qui a pris l’habitude du principe « le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien ».(17)
Non, certains ne se taisent pas, même si nombreux sont ceux qui le pensent mais n’osent pas le dire. Il faut aussi savoir que les intégristes sont encouragés à engager les procédures judiciaires grâce au contenu d’un ouvrage rédigé par un Français converti à l’Islam et expliquant comment utiliser toutes les failles des textes officiels !! Cet ouvrage, « Le foulard islamique et la République française : mode d’emploi », publié aux Editions Intégrité est l’œuvre de Thomas Milcent (Dr Abdallah) qui prodigue ses conseils aux élèves voilées en leur expliquant comment contourner la circulaire Bayrou.
C’est par et grâce à l’Ecole Républicaine et Laïque que s’effectue l’intégration progressive des enfants issus de l’immigration. Céder aux extrémistes intégristes nuit à la majorité modérée qui rejette cet amalgame. Si l‘école semble crispée sur le problème du voile, c’est parce qu’il est un symbole religieux ostentatoire, intégriste, contraire aux principes d’égalité des sexes et de laïcité, visant à séparer certaines élèves des règles de vie communes de l’école, symbole qu’une minorité rêve d’imposer à ses coreligionnaires en même temps que des conceptions archaïques et une interprétation partisane du Coran. Une loi est nécessaire pour éviter ces dérives, interdisant le port de tous les symboles religieux dans les établissements scolaires, afin que les Français musulmans ne se sentent pas désignés comme des boucs émissaires, dans un contexte délicat qui favorise l’amalgame entre « intégriste » et « musulman », entre « Arabe » et « terroriste ».Cela permettra aux enseignants de travailler dans la sérénité, en inculquant à leurs élèves, croyants et athées, les valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité, respect des droits et des devoirs des hommes, des femmes, des enfants…et Laïcité.
Notes :
1. Le Monde, 19 novembre 1996
2. Journaliste, collaborateur au Point. Auteur de « Ils feront de bons Français, enquête sur l’assimilation des Maghrébins » 1991, Robert Laffont; et « La famille, secret de l’intégration, enquête sur la France immigrée », 1994, Robert Laffont
L’Histoire, novembre 1996, Tribune libre
3. Le Monde, 10 novembre 1989
4. Une Amérique qui fait peur, Presse Pocket
5. L’Express, 17 novembre 1994, page 77
6. L’US n° 349, 10 novembre 1994, rubrique courrier
7. ibidem
8. ibidem
9. Le Monde de l’éducation n°193, mai 1992
10. Voir bibliographie ci-dessous, Camille Lacoste-Dujardin
11. Femmes d’Islam, Yamina Benguigui, Voir bibliographie ci-dessous.
12. Le Monde de l’éducation n°193, mai 1992
13. Séverine Labat, Les Islamistes algériens, entre les urnes et le maquis
14. L’US.n°349, 10 novembre 1994, rubrique courrier
15. Le Monde, 29 novembre 1996
16. Le Monde, 3 décembre 1996
17. François Bayrou, Le droit au sens, Flammarion, 1996
Bibliographie :
Elizabeth Altschull : Le voile contre l’école, Seuil, 1995
Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar : Le foulard et la République, La Découverte
Catherine Kintzler : La République en question, Minerve, 1996
André Koulberg : L’affaire du foulard islamique, Fenêtre sur cours
Juliette Mincès : La femme voilée, Calmann-Lévy, 1990 et Poche Pluriel 1992
Slimane Zeghidour : Le voile et la bannière, Hachette, 1990 et Poche Pluriel 1994
Yamina Benguigui : Femmes d’Islam, Albin Michel, 1996, Chapitre 20 (page 157 à 166), Chapitre 22 (page 177 à 184)
Camille Lacoste-Dujardin : Des mères contre les femmes, La Découverte Poche, 1996
Camille Lacoste-Dujardin : Yamina et les autres de Nanterre et d’ailleurs, filles de parents maghrébins en France, La Découverte, 1992
Khalida Messaoudi : Une Algérienne debout, Entretiens avec Elisabeth Schemla, Flammarion, 1995
Lotfi Kaïdi : L’Islam, Hachette, collection Qui ? Quand ? Quoi ?, n°3, 1995
Paul Balta : L’Islam, Le Monde éditions et Poche Marabout, 1995
Gilles Kepel : Les banlieues de l’Islam, Seuil
Gilles Kepel : A l’ouest d’Allah, Seuil
Emmanuel Todd : Le destin des immigrés. Assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales, Seuil, 1994
Christian Jelen : La Famille, secret de l’intégration. Enquête sur la France immigrée, Robert Laffont, 1994
Articles :
Dossier : L’Islam en Europe, Problèmes politiques et sociaux n° 746
La situation des populations musulmanes dans un régime non musulman. Réflexions juridiques et historiques, par Bernard Lewis (Extrait de Musulmans en Europe par Bernard Lewis et Dominique Schnapper, Arles, Actes Sud, 1992, pp.11-34)
L’Islam en France, naissance d’une religion, par Jocelyne Cesari (Extrait, Hommes et Migrations, Paris, n°1183, janvier 1995, pp.33-40)
La saga des foulards. Une querelle juridique, politique, quasiment philosophique, par Philippe Bernard (Extrait, Le Monde, Paris, 13 octobre 1994)
Du combat au droit, par David Kessler (Extrait, Le Débat, Paris, n°77,Gallimard, novembre-décembre 1993, pp.98-99)
Le statut personnel et la loi française, par Jean Gaeremynck, (Extrait, Projet, Paris, n°231, automne 1992,pp.88-90
Le tissu associatif lyonnais en voie d’islamisation, par Bernard Fromentin, Libération, Paris, 8 septembre 1994
Le foulard contre la République, Prof, le plus dur métier du monde, par Christian Jelen et François Dufay, Le Point, n° 1264, 7 décembre 1996
Dossiers :
l’Histoire, les batailles de l’Ecole, n° 202, septembre 1996 : « Querelle autour d’un voile » par Guy Coq
Tribune : La République face à l’Islam, Le Nouvel Observateur, janvier 1996
La laïcité, toute la laïcité, par Soheib Ben Cheikh, Grand Mufti de Marseille
L’Islam moderne naîtra en France, par Jamel Eddine Bencheikh
L’autre intégrisme, par Françoise Gaspard
Différence oui, privilège non, par Catherine KintzlerDossier : Revue Pouvoirs (PUF) n° 62 : L’Islam dans la cité
Femmes islamiques, femmes modernes, par Fariba Adelkhah
Rester musulman en société étrangère, par Magali Morsy
Le voile en débat, par Djaouida Jazaerli et Malika Latrèche, A.R.M. n°127, 15 novembre 1994
Jeunes filles voilées : des médiatrices au service de l’intégration, par Hanifa Chérifi, revue Hommes et migrations, n° 1201, septembre 1996
Dossier : A l’Ecole de la République, Hommes et migrations n° 1201, septembre 1996
Foulards islamiques, l’école crispée : Le Monde de L’Education n°193, mai 1992
Dossiers : Le Monde
Le Monde, Les clefs de l’info, n° 250, janvier 1997
Le Monde, Dossiers et documents : « l’Islam aujourd’hui »,n° 251, février 1997
Le Monde, supplément, 28 septembre 1995
Si proche et si loin, par Robert Solé
Une religion mal aimée, des fidèles mieux intégrés, par Henri Tincq
Trois générations de musulmans, par Henri Tincq
Une communauté fragmentée qui a du mal à s’organiser, par Henri Tincq
Voyage à travers les cités, par Philippe Bernard
La saga des foulards, par Philippe Bernard
La revendication identitaire des 16/26 ans, par Gilles Kepel
Le communautarisme en Grande-Bretagne, par Marc Roche
Coexistence en Allemagne, par Lucas Delattre
Islam, le voile de la discorde, par Fawzia Zouari, Jeune Afrique, n° 1887, 5 au 11 mars 1997