L'année scolaire et
universitaire s'achève sur de nombreuses incertitudes.
La seule certitude, en
fait, est que le Bac 2009 est un
"excellent cru" - dixit le
nouveau ministre, Luc Châtel. Conformément aux instructions données par
les Rectorats aux présidents de jury, le niveau des élèves de terminale
ne cesse de monter. C'est ce que prouve le record absolu atteint cette
année : 66,4% d'une classe d'âge a le bac, 3 points de mieux qu'en 2008.
Les taux de réussite suivent cette courbe ascendante : 89,6% en S et
seulement 87,1% dans les séries pro - qui font néanmoins beaucoup de
progrès puisqu'elles étaient à 77% l'an dernier. Et 60% de mentions dans
les séries générales. Sans compter les bacheliers, de plus en plus
nombreux qui obtiennent 21 ou 22 sur 20 de moyenne. Il va falloir
inventer une nouvelle mention : "hors compétition" ou "au-dessus de la
mêlée". Jurys, encore un effort ! Car si vous faites déjà mieux qu'hier,
c'est encore moins bien que demain... "Excellent cru 2009", répète la voix de son maître, alias Maryline Baumard, dans Le Monde daté du 15 juillet. Seuls quelques esprits chagrins rappelleront cette vérité connue de tous les viticulteurs et de tous les dévots de la dive bouteille : si l'on veut obtenir autre chose que de la piquette, il faut réduire la production. Pour le reste, disions-nous, l'incertitude règne. Que deviendra le rapport Descoings, censé servir de base au "nouveau lycée", lui même chargé d'amener 190% d'une classe d'âge au niveau du bac ? Luc Châtel va-t-il se décider à publier tels quels les décrets-Darcos sur la mastérisation? Ou va-t-il y ajouter son grain de sel ou de poivre ? Réponse prévue pour la fin juillet. Conformément à la pratique, déjà bien rodée, du Maître des Maîtres, Empereur de tous les Empires et Tsar de toutes les Frances, le Président Sarkozy lui-même, la rue de Grenelle bouscule le calendrier institutionnel : c'est bien après la publication des décrets que s'ouvriront les concertations. Pourquoi s'encombrer de broutilles comme l'ordre des jours et des mois? Une dernière inconnue est l'attitude des universitaires. Jamais il n'y avait eu en France une grève aussi longue, aussi suivie dans les facs. Ce mouvement inédit s'est achevé sur une sorte de match nul. Les "examens" ont eu lieu, du moins en apparence et ce sont les apparences que Valérie Pécresse voulait sauver. Professeurs et étudiants savent ce qu'il en a été dans la réalité et l'opinion publique s'en doute. Le décret sur les statuts est passé mais nul ne sait encore s'il va être appliqué et comment. La mastérisation, elle, n'a pas eu lieu faute de remontée des maquettes. Les universitaires vont-ils rester fermes sur ce point, accepter des "solutions" promues par les IUFM ou élaborer leurs propres propositions ? Qu'il s'agisse du primaire avec le mouvement des "désobéisseurs" (cf. plus bas la chronique de F. Guichard), de la réforme du lycée dont il est impossible de savoir à l'heure actuelle sur quoi elle va déboucher ou de celle de la formation des maîtres, toujours en suspens, les vacances commencent donc avec plus de questions que de réponses. On sait que les mois d'été sont propices aux mauvais coups. Le site de Reconstruire l'Ecole accueillera jusqu'en septembre informations, analyses et propositions. A vos plumes pour ces devoirs de vacances ! |